Homélie de Mgr Thibault Verny - Solennité de l’Assomption

Jeudi 15 août 2024 - Sanctuaire Notre Dame de la Vie (Tarentaise)

" Frères et sœurs, Christ est ressuscité ! Tel est le cœur de notre foi et de nos célébrations, tout spécialement en ce 15 août. Nous l’avons entendu dans la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens : « Le Christ est ressuscité d’entre les morts, lui le premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis. » Et l’Apocalypse de Saint-Jean nous donne aussi une annonce de cette victoire sur le mal et sur la mort. Le dragon est vaincu, et du ciel une voix forte proclame : « Maintenant voici le salut, la puissance et le règne de notre Dieu, voici le pouvoir de son Christ !  »

A la suite de cette vision de l’Apocalypse, nous célébrons ce matin la Vierge Marie, figure de la femme qui enfante le Messie, Marie artisan du plan du salut de la victoire sur le mal.

Certes Jésus est ressuscité, « tant mieux pour lui diraient certains.  » Mais cette victoire sur la mort ne lui est pas uniquement réservée. La preuve, en cette solennité de l’Assomption, nous célébrons Marie, l’une d’entre nous, qui est glorifiée dans sa chair par le Père. Cette fille d’Israël a été préservée par Dieu de la corruption et de la destruction. Elle est la première bénéficiaire du salut accompli par son fils Jésus.

Dès lors, en Marie, la victoire de Jésus sur la mort est une espérance qui concerne l’humanité tout entière. Pour tous, la mort n’a pas le dernier mot, le mal n’est pas une fatalité.

En cette fête de l’Assomption, Marie nous montre et nous ouvre le chemin. Elle nous précède auprès du Père. Voici l’espérance que nous célébrons ce matin. Aussi, l’évangile de la Visitation que nous venons d’entendre nous invite à prendre la Sainte Vierge comme modèle à imiter.

Marie, est celle qui a accueilli de tout son être la Parole de Dieu. Il n’y avait aucun obstacle en elle qui est l’Immaculée Conception. « Qu’il me soit fait selon ta parole » a-t-elle dit à l’ange, et sa disponibilité a été féconde. Et si nous nous sommes reconnus pêcheurs au début de cette messe, c’est pour demander au Seigneur de nous désencombrer de tout ce qui fait obstacle à son amour.

Marie est celle qui s’est rendue avec empressement chez sa cousine Élisabeth : la Bonne Nouvelle n’attend pas et se partage. A sa suite, soyons des missionnaires de la Bonne Nouvelle.

Dans sa prière du Magnificat, Marie accueille et remet au Père tout ce qu’elle a reçu. Qui plus est, elle associe dans son exaltation tout son peuple et nous avec. Puissions-nous reconnaitre la fidélité du Seigneur à son amour et nous recevoir de lui.

Enfin, depuis l’Annonciation, Marie est toujours représentée avec un visage de paix. Que ce soit à Nazareth, chez sa cousine Élisabeth, à Bethléem, à Cana, et même au pied de la croix. Non qu’elle ait été épargnée des souffrances et des épreuves, bien au contraire. Mais sa foi et sa confiance en Dieu ont été source de paix indéfectible.

Marie est demeurée ferme dans la foi. Pour les disciples, Marie a été sans nul doute une mère, un refuge, et aussi une éducatrice de la foi. Ce matin, il nous est bon de nous tourner vers Marie pour qu’elle affermisse nos chemins de foi et nous aide ainsi à recueillir les fruits de la victoire de Jésus sur la mort.

Oui, confions à la Sainte Vierge nos intentions à la Sainte Vierge. Mettons notre confiance dans la parole de Jésus qui nous a donné Marie pour mère pour qu’elle veille sur nous.

Frères et sœurs, au milieu de nos joies et de nos peines, à la suite de tant de croyants, faisons nôtre cette prière si douce et si juste de saint Bernard :

« Ô toi qui te vois ballotté dans le courant de ce siècle, au milieu des orages et des tempêtes de manière plus périlleuse que si tu marchais sur terre, ne détourne pas les yeux de l’éclat de cet astre si tu ne veux pas sombrer dans les tempêtes. Si les vents de la tentation s’élèvent, si tu rencontres les récifs des tribulations, regarde l’étoile, invoque Marie. Si tu es submergé par l’orgueil, l’ambition, le dénigrement et la jalousie, regarde l’étoile, crie vers Marie. Si la colère, l’avarice ou les fantasmes de la chair secouent le navire de ton esprit, regarde Marie. Si, accablé par l’énormité de tes crimes, confus de la laideur de ta conscience, effrayé par l’horreur du jugement, tu commences à t’enfoncer dans le gouffre de la tristesse, dans l’abîme du désespoir, pense à Marie. Que son nom ne quitte pas tes lèvres, qu’il ne quitte pas ton cœur et, pour obtenir la faveur de ses prières, n’oublies pas les exemples de sa vie. En suivant Marie, on ne dévie pas, en la priant on ne désespère pas, en pensant à elle, on ne se trompe pas. Si elle te tient par la main, tu ne tomberas pas ; si elle te protège, tu ne craindras pas ; si elle te guide, tu ne connaîtras pas la fatigue ; si elle est avec toi, tu es sûr d’arriver au but : ainsi tu comprendras, par ta propre expérience, combien cette parole est juste : « Le nom de la Vierge était Marie. » 

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13 août 2024, mis à jour le 14 août 2024