Quand j’étais enfant, mes parents nous emmenaient en vacances en bord de mer en Bretagne. Je me souviens que j’étais fasciné par la mer qui monte et descend au gré des marées. Deux fois par jour, la mer remonte et recouvre tout sur son passage.
Ce soir, à travers le mystère de Noël que nous célébrons, Dieu recouvre toute notre humanité par sa présence. Oui, Dieu assume notre humanité dans ses moindres recoins. Il n’existe pas de lieu de notre monde qui ne soit touché par le mystère de Noël. À toute personne, quelle qu’elle soit, Dieu vient dire ce soir : « Tu as du prix à mes yeux et je t’aime. »
Chers enfants, vous voici les premiers destinataires de cette Bonne Nouvelle. Vous êtes chez vous devant la crèche. A la suite de Jean-Baptiste qui tressaillait dans le ventre de sa mère à la Visitation, votre capacité d’émerveillement vient nous réveiller face à la grandeur du mystère que nous célébrons : « Dieu a tant aimé les hommes qu’il nous a donné son fils ».
Voici que dans la fragilité de l’enfant de la crèche, Dieu nous manifeste que toute vie a du prix à ses yeux. Du début à la fin de vie. Quelle que soit sa fragilité et aussi sa précarité. Dans notre prière, nous pouvons penser ce soir aux peuples en guerre, aux personnes isolées ou oubliées. Voici que toute personne, sous les projecteurs ou cachés, de toute culture et de toute condition sociale, voici que toute personne est touchée par le mystère de Noël.
Lors de l’inauguration de la cathédrale Notre-Dame de Paris, qu’il était signifiant de voir rassemblés sous une même voûte les grands et les puissants de ce monde avec aussi les personnes de la rue et les personnes handicapées.
De mes vacances en bord de mer, je me souviens que nous faisions, à marée basse, des châteaux de sable dans le vain espoir que ceux-ci résistent à la mer montante. Autant vous dire que c’était à chaque fois peine perdue !
Force est de constater que nous pouvons nous construire des châteaux de sable dans nos cœurs et dans nos vies. Il peut y avoir des aspects de nos vies que nous voulons cacher, loin de la grâce du Seigneur. Des zones d’ombre ou des zones de tristesse. Certains aspirent à être le 26 décembre tant cette fête de Noël est douloureuse ou source de tensions.
À travers le mystère de Noël, Dieu assume le paradoxe de l’homme et de sa liberté. Dieu nous tend la main, il ne nous prend pas de force. Ainsi, l’homme peut-il accueillir ou se détourner de la Bonne Nouvelle que lui donne le Seigneur.
Et dans les prochains jours, dans la douceur du temps de Noël, nous ferons mémoire des martyrs de Saint Étienne et des saints Innocents.
Mais Saint Paul nous le dit bien ce soir : « Nous vous en supplions, laissez-vous réconcilier avec Dieu. » Alors, frères et sœurs, ouvrons notre cœur à la douceur de Noël. De même que la mer recouvre tout, n’ayons pas peur de nous laisser toucher entièrement.
Enfin, le saviez-vous, la nuit du 21 décembre correspond à la nuit la plus longue de l’année. Et dans la nuit du 24 au 25 décembre, le jour recommence à gagner du terrain sur la nuit. « Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu se lever une grande lumière » avons-nous entendu dans la première lecture du livre d’Isaïe. Telle est l’espérance de Noël. La nuit et la mort n’ont pas le dernier mot.
Cette espérance est manifestée au monde entier, comme nous le fêterons à l’Épiphanie. Mais cette manifestation passe par nous. A nous d’en être les témoins. A sa façon, Camille Costa de Beauregard a été une lumière pour les orphelins de Chambéry au début du 20e siècle. A notre tour d’être des témoins d’espérance autour de nous. Oui, « Dieu a tant aimé les hommes qu’il nous a donné son Fils ».